COLIS PIEGE
L’agent de sécurité à l’entrée du complexe m’appelle pour me signaler qu’un coursier vient de livrer un colis pour moi. Je demande si c’est un gros colis. On me répond qu’il s’agit d’une enveloppe. J’envoie Mamadou, mon fidèle chauffeur, chercher le paquet tout en me demandant qui peut bien m’envoyer un colis à cette heure ci. Il est bientôt 21h et je suis le dernier au boulot, en train de boucler un dossier à la con. Vivement que tout ça s’arrête. Cela fait maintenant quelques années que je m’occupe de cette société et si tout va bien, j’aurai revendu mes parts dans quelques mois et l’argent dégagé me permettra de vivre la vie que j’ai toujours voulu vivre, de port en port et de femme en femme.
Le temps de ma rêverie est interrompu par le retour de Mamadou qui me remet l’enveloppe en question. Etrange, elle ne comprend aucune inscription. Je soupèse et palpe : cela ne semble pas être une lettre. Bizarre, bizarre !! J’hésite à ouvrir. Je ne suis pas parano, mais tout de même je me pose des questions. Dans ce pays lointain, on n’est pas à l’abri d’un coup foireux.
J’ausculte plus en détail le colis et mon œil est attiré par une inscription minuscule dans un coin de l’enveloppe.
Je monte l’intensité lumineuse de la lampe design et approche mon visage. Et là, stupeur, je peux lire : « la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie »
Mon cœur s’emballe. Ça c’est signé !! Cette ritournelle, c’est du Z… tout craché.
Ah !! sacrée Z… Notre relation, bien qu’en pointillé, dure depuis plusieurs années maintenant, basée sur une grande complicité intellectuelle et sexuelle. Nos échanges sont toujours emplis de joie légère. Notre regard sur la vie est le même. Nos rencontres n’obéissent à aucun rythme ni rituel prédéfini, mais chaque fois que la vie nous réuni, nous passons des moments de grand bonheur et nous finissons toujours inexorablement par faire l’amour dans un feu d’artifice des sens qui ne fait que s’amplifier au fur et mesure que les années passent.
Comment a-t-elle pu me faire passer ce paquet ? Elle habite à 5 000 km d’ici. Déjà par la poste ce n’est pas facile, mais en courrier porté. Mystère ??
Remarque, à bien y réfléchir, elle a évoqué à plusieurs reprises devant moi des relations ayant un lien avec le pays où je séjourne en ce moment. Et comme Z… est une cérébrale, capable de tous les scenarii et de tous les calculs. Elle a du profiter du voyage d’un de ceux là pour me faire parvenir ce pli.
Mon regard se perd dans le vague et je me remémore notre dernière rencontre. Deux jours ou plus exactement 40 heures dans une île de méditerranée, et très exactement 8 éjaculations pour moi et sans doute deux fois plus d’orgasmes pour elle, entrecoupés de plongeons dans la piscine, de langoustes grillées, de vin blanc sec, de bain de minuit à poil, et de francs éclats de rire.
Mais revenons sur terre. Rassuré sur les intentions de l’expéditeur par le petit mot, j’ouvre le paquet et plonge ma main pour en sortir un petit paquet enveloppé de papier de soie. Je défais l’emballage et je trouve… un string !
Un magnifique string de dentelle noire et rouge dans lequel j’imagine immédiatement les fesses musclées de la belle Z… Sa peau de brune bronzée, ses courbes adaptées à ma main…
Un petit message me dit :
« Mon Zorg magnifique,
Voici en cadeau un souvenir de notre dernière conversation téléphonique. Comme tu peux le sentir, le souvenir de ton torse, de tes fesses musclées et de tes grands bras dans lesquels j’aime tant me perdre me fait toujours autant d’effet… »
Signé : Z… »
Je me souviens alors de notre dernière conversation il y a quelques jours. Tu m’avais dit « ici c’est le matin, je sors à l’instant de ma douche et j’ai juste eu le temps d’enfiler ma culotte quand le téléphone a sonné »
J’enfoui mon nez dans la dentelle : les effluves qui s’en dégagent emballent mes cellules grises et les odeurs de ton désir montent en moi comme un ode à la vie et à l’amour.