DE LA FRAGILITE DES PETITS OISEAUX
Chemise blanche, cravate noire, haleine fraîche, le rendez vous ne pouvait que bien se passer. Les quelques jours précédents, les échanges de mails et de SMS étaient allés crescendo, et c’est dans une véritable transe émotionnelle qu’il abordait ce rendez vous. La table était réservée, à l’étage, à l’abri du vent. Vue sur la mer qui brillait de milles éclats sous le soleil de fin d’été. Il avançait d’un pas décidé, le torse bombé vers le lieu convenu.
Son SMS l’a surpris : « fuite de gaz : restaurant inaccessible. Retrouvons nous sur le port » Allons bon. Obligé de changer ses plans. Comment lui dire que l’hôtel était déjà réservé à deux pas.
Malgré tout, le repas s’était bien passé. Et l’attirance confirmée.
Mais au moment de payer, pas de portefeuille. Evidemment c’était un oubli. Mais la voiture était loin et il n’avait pas un radis. Il l’a regardée payer, comptant les tickets restaurant pour arriver au plus près de la somme. Il n’avait même pas les deux euros manquants et encore moins de quoi donner un pourboire.
Elle a voulu fumer une cigarette sur un banc sous les platanes. Quand le pigeon a chié sur l’épaule gauche du costume gris, il a essayé de rire mais il était crispé.
Dans la chambre de l’hôtel, quand elle lui a demandé si elle pouvait lui enlever le morceau de salade coincé sur sa dent depuis un demi heure, il a compris que ce jour là se serait un grand jour : celui de sa première panne sexuelle.
C’est fragile un homme !!